Musique et alchimie, alchimie de la musique

Patrick Burensteinas :


« En tant que qu’alchimiste pensez-vous qu’ils pratiquaient l’alchimie sur les métaux, qu’ils transformaient le plomb en or ?
– Non, je ne crois pas, je pense qu’ils ne traitaient que ce qui concerne l’âme humaine et qu’ils utilisaient le son. Le son comme énergie.
Le son des voyelles A E I O U et leurs déclinaisons (a é à i u ou eu o aôm).
C’est un catalyseur de transformation.

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Une condition physique peut devenir une condition métaphysique.
On peut parler du « droit chemin » qui existe dans la matière comme à l’intérieur de notre corps. Si l’on est capable de rectifier les choses, on laisse passer la lumière sans résistance.
On peut rectifier par le souffle (à noter que pour les alchimistes souffle et souffre sont très proches), par la technique de l’inspiration et l’expiration pour rejeter le soufre vers l’extérieur afin de dissiper son énergie, ainsi que par le son et l’utilisation des voyelles.

Michel d’Arcos :

« Il y a l’alchimie opérative, celle des « souffleurs », des fabricants d’or, et l’alchimie spirituelle.
Et dans l’alchimie spirituelle, il y a effectivement le travail sur le son, la note, la voyelle,…
On l’appelle l’alchimie de la musique.

Les pythagoriciens, société secrète qui donnait une interprétation mystique des nombres, considéraient la musique comme une harmonie des nombres et du cosmos.

On dit que les alchimistes, lors de la veille autour de l’Athanor, le chaudron spécial utilisé alors, émettaient des sons pour obtenir des modifications physiques et psychologiques.
Il semblerait que durant l’opération dite de coction, dernière phase de celle qu’on appelle Grand Oeuvre, la matière en se transformant émet successivement des notes musicales (do ré mi fa sol la si) en même temps que l’on constate un changement de couleur (noir, blanc, puis rouge) et une augmentation de la masse de la matière de 33 %.

Les sons ont donc une action alchimique. Ainsi en parlant, en chantant, nous faisons de l’alchimie sans le savoir.
La pierre philosophale est la transformation de la matière impure, que l’on appelle aussi « materia prima », portée à un haut degré de sublimation.

Dans l’alchimie spirituelle, la pierre philosophale, c’est le Christ.

Extraits de ''Le templier m'a dit'' , Patricia Darré

Orphée et Osiris

«  Orphée , chez les Grecs, et Osiris, chez les Egyptiens, étaient allés jusqu’en enfer, parmi les morts, pour en revenir plus éclairés et accomplir leur mission civilisatrice.
Avec pour arme une lyre ou simplement leur voix, ils humanisaient, pacifiaient les monstres de l’instinct pour mieux apprivoiser les fauves de la passion.
On dit qu’Orphée, en chantant, amollissait les pierres, charmait les bêtes féroces, faisait taire les oiseux et les cascades, et qu’Osiris pacifia l’Egypte avec sa harpe apportant la civilisation dans les coins les plus reculés.
Tous deux donnaient à la nature la bénédiction surnaturelle de l’art.
Grâce à l’harmonie, ils transformaient le chaos (désordre) en cosmos (ordre). »

André Manoukian « Sur les routes de la musique – A la recherche des notes qui s’aiment. »

De fil en aiguille

Au départ, une intuition organique, des expériences personnelles. Puis, une recherche permanente et de nombreuses formations. Ensuite, des constats empiriques majeurs. Je ne soupçonnais pas la portée du geste. Il m’est arrivé plus d’une fois, concrètement, de me pincer, parce que je craignais plus tard de croire que j’avais rêvé. Ces chœurs spontanés inouïs, ces solos transcendants,  qui transmutent, voir ces êtres reconquérir leur intégrité, leur puissance, leur joie, leur éclat, grâce au médium de leur voix ! Aujourd’hui, cette apparente magie s’explique de plus en plus. Il n’est pas nécessaire de le comprendre pour le vivre. Il s’agit de sentir et de favoriser un élan naturel, organiquement musical, au potentiel libératoire extraordinaire.

Femmes qui courent avec les loups

« Chanter, c’est se servir de la voix de l’âme. C’est transmettre par le souffle la vérité du pouvoir et la vérité du besoin, c’est insuffler de l’âme à ce qui souffre et à besoin de se rétablir. Pour se faire, il faut plonger au plus profond des émotions et de l’amour, jusqu’à être submergé par le désir d’une relation avec le Soi sauvage, puis laisser s’exprimer l’âme à partir de cet état d’esprit. »
Clarissa Pinkola Estès
Femmes qui courent avec les loups